L'attaque de Nairobi revendiquée par les islamistes shebab somaliens
Le Monde.fr avec AFP, AP et Reuters | • Mis à jour le
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Un commando d'islamistes somaliens shebab a pris d'assaut samedi 21 septembre un centre commercial de luxe à Nairobi, tuant au moins 39 personnes et faisant plus de 150 blessés d'après un dernier bilan communiqué par le président kényan Uhuru Kenyatta.
Une dizaine d'assaillants masqués, selon des sources policières, ont fait irruption à la mi-journée dans le centre commercial bondé à cette heure du "Westgate Mall", semant la mort et le chaos parmi les familles en train de faire leurs courses et les badauds attablés aux terrasses de cafés. Ils ont ouvert le feu à l'arme automatique et à la grenade sur la foule cosmopolite - Africains, Indiens et Occidentaux - des clients et les employés du centre, un imposant bâtiment rectangulaire de quatre étages, l'un des lieux de promenade préféré des classes aisées de Nairobi.
"JUSTICE PUNITIVE"
Les shebab somaliens, liés à Al-Qaida, ont revendiqué l'attaque en fin de journée, alors que les affrontements se poursuivaient encore au Westgate entre forces de sécurité et assaillants retranchés dans l'un des étages. "Les moujahidines ont pénétré aujourd'hui vers midi dans Westgate. Ils ont tué plus de 100 infidèles kényans et la bataille se poursuit", ont affirmé les islamistes sur leur compteTwitter, une revendication ensuite confirmée dans un communiqué.
Ils ont justifié l'attentat comme des représailles à l'intervention de l'armée kényane depuis deux ans dans le sud de la Somalie contre le groupe islamiste, rappelantavoir "prévenu le Kenya à de nombreuses reprises". "Ce que les Kényans voient à Westgate, c'est de la justice punitive pour les crimes commis par leurs soldats" en Somalie "contre les musulmans", ont-ils écrit. "Le message que nous envoyons au gouvernement et à la population kényane est et sera toujours le même : retirez toutes vos forces de notre pays", ajoutent les shebab.
L'armée kényane était entrée en Somalie en 2011 et se maintient depuis dans le sud du pays, dans le cadre d'une force africaine soutenant le gouvernement somalien qui a infligé de nombreuses défaites aux islamistes. L'attaque de ce samedi pourrait être l'attentat le plus meurtrier dans la capitale kényane depuis une attaque-suicide d'Al-Qaida en août 1998 contre l'ambassade américaine de Nairobi, qui avait fait plus de 200 morts. Le chef de l'Etat kényan, lors d'une allocution télévisée, a promis que les "terroristes" qui cherchent à diviser les Kényans seraient vaincus.
LES ASSAILLANTS TOUJOURS ENCERCLÉS
Un nombre indéterminé de ressortissants américains figure parmi les blessés, a annoncé le département d'Etat américain, condamnant un "acte de violence insensé". Des ressortissants britanniques figurent également "sans aucun doute"au nombre des victimes de l'attentat selon le ministre britannique des affaires étrangères, William Hague.
L'opération des forces de sécurité kényanes se poursuivaient en début de soirée dans le "Westgate Mall", où les assaillants sont "encerclés dans un secteur de l'un des étages", selon une source sécuritaire. "Le reste du centre semble sécurisé", mais "l'opération pourrait durer un long moment", a confié cette source alors que la nuit tombait sur la capitale kényane. "Nous sommes dans le processus de sécurisation du bâtiment, magasin après magasin, et d'évacuation des personnes"piégées à l'intérieur depuis le début de l'attaque, a-t-elle expliqué.
Un commando masqué et armé a attaqué samedi 21 septembre un centre commercial de luxe à Nairobi, tuant au moins 20 personnes. L'opération se poursuivait toujours en fin de journée.
Crédits : AFP/SIMON MAINA
Des clients et employés du centre commercial, traumatisés, continuaient d'en émerger par petits groupes dans la soirée. Les forces de sécurité, policiers et forces spéciales de l'armée, ont progressé magasin après magasin pour évacuer les personnes prises au piège et tenter de déloger les hommes armés, masqués et vêtus de noir selon des témoins. Un policier sur place a parlé de "sept otages"aux mains du commando, mais ce nombre pourrait être plus élevé, vu la fréquentation au moment de l'attaque et l'étendue des lieux, un labyrinthe de boutiques en tout genre où il est aisé de se cacher ou de se retrancher.
Expatriés de toutes nationalités, riches Kényans et Indiens aiment à venir au"Westgate Mall" pendant les week-ends pour y faire du shopping, flâner en familleou se restaurer. Ce centre commercial, ouvert en 2007 et proche du siège local des Nations unies, compte des restaurants, des cafés, des banques, un grand supermarché et un cinéma multiplexe qui attirent des milliers de personnes chaque jour. Une cliente sortie du centre a indiqué y avoir passé six heures à secacher avant d'être secourue. "J'étais dans un café lorsque j'ai entendu des coups de feu et des explosions. Ensuite j'ai couru pour me cacher dans un magasin. J'ai passé six heures là-dedans", a raconté la femme.
DES CLIENTS "EXÉCUTÉS"
Selon un témoin, les assaillants, parlant l'arabe ou le somali, ont "exécuté" des clients. Le patron d'un magasin a témoigné qu'à un moment, "il semblait que les tireurs avaient pris le contrôle de l'ensemble du centre commercial". Sudjar Singh, qui travaille dans le centre, en a réchappé de justesse. "Les hommes armés ont tenté de me tirer dans la tête mais ils m'ont manqué. Au moins 50 personnes ont été touchées" par des balles, a-t-il raconté à l'AFP. "J'ai vu un petit garçon évacué sur un caddie, il devait avoir cinq ou six ans. Il avait l'air mort", a-t-il ajouté.
Annette, une autre survivante en sanglots, raconte avoir "vu trois des attaquants vêtus de noir, les visages masqués, et ils avaient de gros fusils". Kenneth Kerich faisait ses courses tranquillement lorsque l'attaque a commencé. "Soudain j'ai entendu des coups de feu et tout le monde s'est mis à courir. Je me suis allongé au sol. J'ai vu deux personnes tomber et saigner, je pense qu'elles ont été touchées par des balles", a-t-il dit. "Au départ nous pensions que c'était la policequi affrontait des voleurs. Mais nous n'avons pas pu nous enfuir avant que les policiers n'entrent [dans le centre commercial], tirent en l'air et nous disent de sortir", d'après M. Kerich.
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