L'un des co-accusés du célèbre musicien rwandais Kizito Mihigo, jugé à Kigali pour conspiration contre le gouvernement, a affirmé avoir été torturé après son arrestation, vendredi à la reprise du procès.
Le soldat démobilisé Jean-Paul Dukuzumuremyi est accusé, avec Kizito Mihigo et deux autres personnes, d'entente en vue de commettre un assassinat, de complicité dans un acte terroriste et de conspiration contre le gouvernement du président Paul Kagame.
Le chanteur a plaidé coupable, ses co-accusés non coupable.
Vendredi, M. Dukuzumuremyi a raconté son arrestation "sous la menace d'une arme" par des hommes qui lui ont "bandé les yeux", l'ont "frappé et emmené dans un endroit qu'(il) ne connaissai(t) pas".
"Pendant des jours, j'ai été torturé, je ne pouvais manger qu'une fois par semaine", a-t-il poursuivi. "J'ai perdu le fil des jours", a-t-il encore dit, ajoutant avoir compris plus tard être resté enfermé un mois.
"J'ai été forcé de plaider coupable de crimes que je n'avais pas commis", a dénoncé le soldat démobilisé. "Toutes les accusations sont fabriquées, ils voulaient quelqu'un avec un passé militaire à épingler aux côtés de Kizito Mihigo".
Vendredi, le chanteur, qui en plaidant coupable à l'ouverture de son procès avait demandé la clémence du jury, a lui récusé ses avocats.
"Je plaide en demandant pardon, donc afin de mettre l'accent là dessus, je souhaite me défendre seul", a-t-il dit. Sa défense affirme qu'il n'y a aucune preuve contre lui.
Les deux autres personnes accusées dans ce procès sont le journaliste Cassien Ntahumanga et Agnes Niyibizi, à qui l'on reproche d'avoir servi de trésorière au Congrès national rwandais (RNC), parti d'opposition en exil considéré comme "terroriste" par Kigali.
Kizito Mihigo, un rescapé du génocide de 1994, est plus spécifiquement accusé par la police d'avoir mobilisé des jeunes pour le RNC et pour les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), groupe rebelle hutu rwandais lui aussi en exil et dont des membres sont accusés d'avoir activement participé au génocide contre les Tutsi.
La semaine dernière, Cassin Ntahumanga avait déjà affirmé avoir été détenu illégalement toute une semaine par la police, ajoutant que des aveux lui avaient alors été extorqués sous une torture psychologique.
Les quatre accusés ont été arrêtés en avril, quand le Rwanda commémorait le 20e anniversaire du génocide de 1994.
Selon la police, les quatre accusés préparaient des attentats pour venger la mort de l'un des fondateurs du RNC, Patrick Karegeya, ancien chef des services de renseignement rwandais, retrouvé mort étranglé en Afrique du Sud début 2014.
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