Sur la grande scène diplomatique de l'Afrique de l'Est, et de tout le continent, la belle Tanzanie est un peu cette jolie fille que tous les hommes accoudés au bar rêvent d'inviter à danser. Qu'un dirigeant chinois vienne en Afrique et il passera forcément par Dar es Salaam. Et pour tout dirigeant occidental en visite dans la région, le palais présidentiel d'Ocean Road est un passage obligé. La Tanzanie est donc à l'honneur en cette première semaine de juillet, puisqu'il s'agit du seul pays de la région que visitera le président Barack Obama.
Voici trois raisons pour lesquelles Dar es Salaam est sexy. Tout d'abord, on a découvert ces dernières années que le pays disposait de grandes réserves de pétrole, mais aussi de gaz et de minerais. Les Américains refusent que les Chinois soient les seuls à en profiter et veulent aussi leur part du gâteau.
Deuxièmement, les dirigeants tanzaniens ne sont impliqués dans aucune controverse sur le plan intérieur ou international. Contrairement au Rwanda, qui n'a toujours pas réglé le problème du M23 [le Rwanda est accusé de soutenir le groupe rebelle à l'est de la République Démocratique du Congo] ; au Kenya, où le Président Uhuru Kenyatta et son vice-président William Ruto pourraient bientôt comparaître devant le Tribunal Pénal International ; ou encore à l'Ouganda, où la longévité du Président Yoweri Museveni devrait lui permettre de survivre à Obama, après avoir connu les quatre précédents présidents américains, Ronald Reagan, George Bush Père, Bill Clinton et George W. Bush.
Troisième raison : c'est le pays le plus stable de la région, ce qui permet de garantir une certaine confiance [dans les investissements]. Mais ce n'est pas tout. Grâce à la politique de l'ancien président Julius Nyerere qui revendiquait l'unité africaine, et pour avoir été le refuge de tous les mouvements d'indépendance et de libération de l'Afrique australe, la Tanzanie jouit d'une influence diplomatique dont rêvent tous les pays africains. Et si ces 25 dernières années, cette surexposition [aux conflits] a donné lieu à un repli isolationniste, la Tanzanie est bien décidée à reprendre sa place.
Mais c'est aussi grâce à cette discrétion qu'il s'agit du seul pays de la région dont le capital politique ne s'épuise pas dans des conflits. Le Rwanda doit surveiller 24 heures sur 24 la RDC et contrôler les frontières de son voisin, en faisant un travail de maintien de la paix au Darfour et avec le Soudan, tandis que l'Ouganda, le Burundi et le Kenya continuent à patauger dans les eaux troubles de la politique somalienne.
Développement économique et alliance avec l'armée américaine
La Tanzanie est un pays plein d'énergie, et celle-ci ne pourra s'exprimer que grâce à des réformes politiques de fond. La rédaction d'une nouvelle Constitution devrait justement permettre de libérer ces forces nouvelles. Et si le Chama cha Mapinduzi [le parti au pouvoir] a réussi à moderniser la Tanzanie, dont l'économie talonne désormais celle du Kenya, le pays pourrait rapidement distancer ses partenaires est-africains sur la course du développement. Bientôt, ils ne verront plus que la poussière, au loin, sur la piste.
D'autres bruits de couloirs expliqueraient également cet engouement. D'après le blogLesley on Africa, la controversée Africom, cette force militaire américaine [créée en 2007 pour coordonner les opérations militaires américaines sur le continent], envisagerait de nouer avec la Tanzanie un partenariat durable. Le Général Carter Ham, à la tête de l'Africom, aurait ainsi déclaré devant la Commission sénatoriale des forces armées : "Nous consolidons nos relations avec l'armée tanzanienne, une armée de métier dont les compétences et les zones d'influence portent de plus en plus sur les questions de sécurité en Afrique de l'est et du sud et dans la région des grands lacs."
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