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- Published on Saturday, 27 July 2013 09:35
- Written by LE POTENTIEL
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Le ton monte entre Dar Es-Salaam et Kigali
Le cap des boutades et des menaces est désormais dépassé. Le ton est martial et sans ambages entre Dar Es-Salaam et Kigali. Jakaya Kikwete ne s'encombre plus de formules diplomatiquement correctes pour s'adresser à son homologue Kagame du Rwanda. Le successeur de Mwalimu Julius Nyerere promet de faire subir le sort d'Idi Amin Dada à quiconque tenterait de s'attaquer à son pays, la Tanzanie. La confrontation entre les deux capitales devient inévitable voire imminente.
A l'occasion de la fête nationale de son pays, la Tanzanie, le président Jakaya Kikwete a mis à profit cette opportunité pour s'adresser vertement à son homologue rwandais Paul Kagame, selon des sources sur place. A les en croire, cette escalade est la réaction du président tanzanien après les allégations mensongères des officiels de Kigali sur la présence d'un officier tanzanien, de la Brigade d'intervention de la Monusco, aux côtés des génocidaires FDLR. Une information démentie de la manière la plus claire et la plus catégorique par les Nations-unies.
A travers cette action de sape, Kigali voulait discréditer la Tanzanie et donc justifier une éventuelle agression de ce pays qui a offert ses dignes filles et fils pour la cause de la paix dans la sous-région des Grands lacs africains dans le cadre de la Brigade spéciale onusienne d'intervention avec comme mission de traquer les forces négatives qui écument l'Est de la République démocratique du Congo.
Pendant ce temps, les Etats-Unis affirment détenir des preuves irréfutables de la présence d'éléments de l'armée régulière rwandaise sur le sol congolais, combattant avec le M23. Les USA ont appelé « à un retrait immédiat » de ces troupes rwandaises. Combattre le M23 n'équivaut-il pas à combattre les troupes rwandaises ? Or, le fait pour la Tanzanie d'avoir accepté de doter cette force spéciale d'éléments aguerris ne fait pas l'affaire de Kigali, qui sent venir la fin de son aventure meurtrière dans la sous-région des Grands lacs africains. Aussi, des menaces ont-elles été proférées à l'égard de la Tanzanie par le M23 puis par Kigali. C'était sans compter avec la perspicacité de Dar Es-Salaam, ragaillardi par la visite du président Obama.
INVESTIE D'UNE AUTORITE MORALE
Investie quasiment d'une autorité morale sur les pays de la région, la Tanzanie reste le bastion d'où se conçoivent et se mènent toutes les actions progressistes de la sous-région. Des changements majeurs depuis les dernières décennies portent les marques de la Tanzanie ou sa bénédiction. Personne, parmi les dirigeants des Grands lacs africains, ne peut se permettre de nier l'influence tanzanienne dans n'importe quelle lutte.
Loin d'être une action isolée, la présence du contingent tanzanien dans les rangs de la Brigade spéciale d'intervention de la Monusco était une démarche savamment réfléchie pour stabiliser la région. Que la RDC soit régulièrement déstabilisée par ses voisins, ces actions impactent négativement également sur la Tanzanie qui héberge des milliers de Congolais avec ce que cela suppose comme effet négatif.
Par ailleurs, cette instabilité chronique dans l'Est de la RDC peut infester dangereusement l'ensemble de la sous-région. L'entrée en lice des Shebabs somaliens ne pouvait laisser dans l'indifférence les gouvernements responsables de la sous-région. L'urgence était donc de désinfecter la région. C'est dans ce cadre que Dar Es-Salaam s'est investi pour le nettoyage des forêts, savanes et montagnes de l'Est de la RDC où opèrent les forces négatives voire terroristes. Pour ce faire, Kagame aurait dû se frotter les mains d'autant plus que les FDLR seront également éradiquées par cette action d'envergure initiée par la communauté internationale.
Par ailleurs, faisant foi aux vertus du dialogue, ce pays épris de paix et de stabilité a invité, par la bouche du président Jakaya Kikwete, tous les pays d'où s'organisent, se planifient et sont lancés les mouvements d'instabilité de dialoguer avec leurs rébellions respectives.
Contre toute attente, c'est la levée des boucliers du côté de Kigali qui tance régulièrement le président tanzanien jusqu'à le qualifier de complicité avec les génocidaires FDLR. La colère de Jakaya Kikwete est ainsi justifiée. Les termes utilisés sont appropriés par leur fermeté afin de ramener Kagame sur terre. Le moment choisi est symbolique, selon nos sources à Dar Es-Salaam, le jour de la célébration de la journée d'indépendance du pays. Sans ambages, le président aurait mis en garde : « Quiconque tenterait de déstabiliser la Tanzanie ».
Ne s'estimant pas bien compris, il aurait enfoncé le clou, en déclarant qu'il s'occuperait de Paul Kagame comme son pays s'était déjà occupé du président ougandais Idi Amin Dada.
REPONSE DU BERGER A LA BERGERE
L'histoire renseigne qu'effectivement, l'armée tanzanienne avait défait le dictateur ougandais Idi Amin Dada en 1979. Ses successeurs étaient installés quasiment par le pays de Julius Nyerere. Dans l'ordre l'on citera Yusuf Lule, Godefroid Bianaisa pour boucler la série par Yoweri Kaguta Museveni, qui avait aussi reçu une assistance conséquente du maréchal Mobutu, selon des sources.
A son tour, Kaguta Museveni a fait monter Paul Kagame à la tête du Rwanda après l'assassinat de Habyarimana. Aussi surprenant que cela puisse paraître, Paul Kagame s'attaque au pays mentor de son parrain Museveni !
Lors de la réunion consacrée à la situation dans la région des Grands lacs africains au Conseil de sécurité à New-York, le représentant tanzanien a adopté un ton sans équivoque pour dénoncer : « Ceux qui vilipendent ceux qui cherchent les vraies solutions dans la région ». L'allusion est claire, la vraie paix passe par le dialogue entre les dictatures de Kigali et Kampala avec leurs rébellions respectives.
Dar Es-Salaam qui ne porte plus des gants sait qu'il y a un challenge à gagner : le leadership responsable et pacifique tourné vers le développement de la région. Sans aucun doute, la question était abordée lors du dernier passage du président américain Barack Obama en Tanzanie. Jakaya Kikwete le fait avec une détermination évidente, sans crainte de qui que ce soit.
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