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Saturday 16 March 2013

En débandade, une faction du M23 se réfugie au Rwanda | le carnet de Colette Braeckman


En débandade, une faction du M23 se réfugie au Rwanda


S'agît-il d'un tournant dans la guerre à l'Est du Congo ou d'un nouveau leurre ? Une fraction du mouvement rebelle du M23, considérée comme l'aile dure, a franchi samedi matin la frontière du Rwanda à la hauteur de Goma. Une soixantaine d'hommes de troupes ont été publiquement désarmés avant d'être acheminés dans des camps militaires rwandais, à Kibumba entre autres. Cette débandade avait été précédée de combats très violents du côté de Kibumba, où les hommes de Bosco ont enregistré 150 tués et ceux de Makenga une cinquantaine.
Quant aux officiers, ils ont été accueillis par leurs homologues rwandais : les colonels Ngaruye, Rwagati, Badege, Muhirwe, Karagwa, Nyabirungu ont été envoyés à Gisenyi par l'armée rwandaise ; deux autres officiers se sont rendus entre les mains de la Monusco dans le village de Kararuchinyia. Le général Zimurinda, grievement blessé (sa mort avait déjà été annoncée) a été transporté vers Kigali. Les cadres politiques du mouvement, dont le pasteur Runiga, le chef politique du mouvement, ainsi que MM Canisius, Rwemesha, Gafishi ont également gagné le Rwanda. Runiga aurait été accueilli par le général Gatama, chef des forces spéciales de l'armée rwandaise qui a collaboré à son exfiltration.
Même si plusieurs des officiers en fuite sont accusés de massacres et de crimes de guerre et si le pasteur Runiga est frappé par des sanctions internationales, dont l'interdiction de voyager, c'est évidemment le sort du général Bosco Ntaganda qui suscite l'intérêt général.
Il apparaît que, cerné par les hommes de son adversaire Makenga et à court de munitions, Bosco Ntaganda, lâché par ses troupes et ses lieutenants, aurait envoyé vers Masisi et Walikale une centaine de ses hommes. Trois cent mille dollars auraient été offerts aux groupes hutus de la région afin qu'ils ouvrent un couloir permettant aux partisans de Bosco de rejoindre leur allié Sheka, le chef de l'un des groupes armés congolais. Alors que des sources occidentales assurent que le général en fuite aurait cherché refuge dans le parc naturel des Virunga et tenterait de gagner Walikale, où il pourrait créer un nouveau maquis dans la forêt dense et deviendrait à nouveau insaisissable, de très bonnes sources congolaises décryptent cette « manœuvre de diversion » et démentent que Bosco soit resté en territoire congolais. Nos informateurs assurent que « tôt le matin, les officiels rwandais à Gisenyi avaient assuré une grande publicité au franchissement de la frontière par les rebelles. Mais renonçant à gagner son fief du Masisi, le général Bosco a lui aussi fini par traverser la frontière samedi vers 10 heures du matin, franchissant le poste de Kabuhanga, plus discret que Goma. »
C'est au lendemain de la signature de l'accord cadre d'Addis Abeba que le M23 s'était scindé en deux factions antagonistes, qui depuis lors se battent férocement : la première, dirigée par le général Makenga, et rassemblant la majorité des troupes, était généralement considérée comme plus ouverte à un accord avec Kinshasa tandis que la deuxième, avec à sa tête le pasteur Runiga et, dans les coulisses, le général Bosco Ntaganga, présentait, lors des négociations de Kampala, des revendications plus larges, d'ordre politique et souhaitait visiblement reprendre les hostilités. Cette intransigeance pouvait s'expliquer par les ambitions politiques du pasteur Runiga, mais aussi par le jusqu'auboutisme d'officiers visés par un mandat d'arrêt international et ne pouvant plus guère espérer leur réintégration dans les forces gouvernementales.
Les combats sur le terrain, les dénonciations et destitutions réciproques, les divergences de stratégie avaient rendu impossibles les négociations de Kampala : après avoir demandé au médiateur ougandais de déterminer quel était l'interlocuteur valable, le chef des négociateurs congolais, l'abbé Malu Malu, avait décidé de jeter l'éponge et de regagner Kinshasa ce week end.
Face à l'implosion du M23, Kinshasa redoute un nouveau coup fourré : en effet, le gros des troupes rebelles, en plus d'une centaine de partisans de Bosco ralliés en dernière minute à Makenga, serait «sauvé » et candidat à une nouvelle intégration dans l'armée congolaise tandis que le « noyau dur », politiquement embarrassant, aurait été isolé sinon sacrifié. Kinshasa examine dès à présent la possibilité de réintégrer les hommes de troupe, à condition qu'ils n'aient pas commis de crimes de guerre, et songe à les disperser dans d'autres provinces. Quant aux officiers comme Makenga, il paraît peu probable, au vu de la pression internationale, qu'ils puissent bénéficier de mesures d'amnistie, même si leur revirement a permis l'implosion du groupe rebelle.
Par ailleurs, Kinshasa se tourne désormais vers le Rwanda, demandant à Kigali d'arrêter et de livrer les officiers mutins se trouvant sur son territoire. L'un des points de l'accord cadre d'Addis Abeba, signé par onze chefs d'Etat de la région, dont le président Kagame, prévoit en effet d'interdire tout soutien à des forces rebelles originaires de pays voisins.
Signataire de l'accord d'Addis Abeba, membre et bientôt président du Conseil de Sécurité, le Rwanda ne pourra vraisemblablement que se conformer au droit international et arrêter des officiers qui furent durant longtemps ses hommes de main sur le terrain et sont responsables de nombreux massacres. Cependant, beaucoup
doutent que le général Bosco Ntaganda soit jamais arrêté et livré : celui que les habitants du Nord Kivu et de l'Ituri appelaient « Terminator » et dont les Américains ont mis la tête à prix est probablement dépositaire de trop de secrets, auteur de trop de crimes, pour jamais finir devant un tribunal.

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-“The root cause of the Rwandan tragedy of 1994 is the long and past historical ethnic dominance of one minority ethnic group to the other majority ethnic group. Ignoring this reality is giving a black cheque for the Rwandan people’s future and deepening resentment, hostility and hatred between the two groups.”

-« Ce dont j’ai le plus peur, c’est des gens qui croient que, du jour au lendemain, on peut prendre une société, lui tordre le cou et en faire une autre ».

-“The hate of men will pass, and dictators die, and the power they took from the people will return to the people. And so long as men die, liberty will never perish.”

-“I have loved justice and hated iniquity: therefore I die in exile.

-“The price good men pay for indifference to public affairs is to be ruled by evil men.”

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