Burundi: la mobilisation faiblit à Bujumbura
Au Burundi, le pouvoir a tout mis en œuvre pour mettre fin aux manifestations contre le troisième mandat du président Pierre Nkurunziza, qui durent depuis une quarantaine de jours. Et malgré ce que les observateurs qualifient de brutalité des policiers, ceux-ci n'utilisent plus de matériel anti-émeute, mais des armes de guerre. Des manifestants font toujours face même si le mouvement s'est effrité au fil des derniers jours. Reportage.
Deux fonctionnaires quittent
Nyakabiga pour la première fois. C'est l'un des quartiers de Bujumbura à la pointe du combat contre un troisième mandat du président Nkurunziza. Ils se veulent lucides et reconnaissent que depuis quelques jours, la mobilisation s'affaiblit, notamment à cause du changement de stratégie de la police burundaise, qui quadrille désormais les quartiers frondeurs 24 heures sur 24. «
Il y a des policiers. Ils ferment les petites rues qui mènent dans les quartiers. Ils [sont là]
pour intimider. »
Même sentiment dans le quartier de
Musaga, un bastion de l'opposition, dans le sud de la capitale. Un jeune « taxi-vélo » reconnaît que les nouvelles méthodes de la police sont en train de payer. «
Certains sont morts, d'autres sont blessés et d'autres encore en prison. C'est pour cela que le nombre de manifestants continue de diminuer car lorsqu'une personne armée te tire dessus alors que tu es désarmé, tu as nécessairement peur. C'est vrai, le nombre de manifestants a diminué, mais si nous restons à deux dans la rue, nous allons poursuivre la lutte jusqu'à ce que le président renonce à ce nouveau mandat. »
On nous tire dessus à balles réelles !
A Cibitoke, les jeunes toujours déterminés malgré l'essoufflement des manifestations 05/06/2015 - par RFI écouter Depuis le début des manifestations il y a un peu plus d'un mois, une quarantaine de
manifestants ont été tués, dernier exemple en date ce vendredi matin avec encore un mort à Musaga, et plus de 500 blessés alors que des centaines d'autres croupissent en prison.
Mais il n'y a pas que ce facteur qui explique l'effritement du mouvement de contestation. A Bujumbura, la grande majorité des habitants doivent travailler chaque jour pour gagner leur vie. Après un mois de sacrifices, certains n'en peuvent plus et sont retournés au travail. « Ces gens de la ville vivent au jour le jour. Ils sont obligés d'aller au travail parce qu'ils doivent manger, ils doivent vivre. »
■ Washington pour un respect du nombre de mandats
En visite en RDC, le secrétaire d'Etat américain adjoint à la Démocratie et aux Droits de l'homme, Tom Malinowski, est revenu sur la crise au Burundi. «
Les Accords d'Arusha ont garanti la paix au Burundi depuis de très nombreuses années. [Ces]
Accords, pour de très bonnes raisons, disent qu'il ne devrait pas y avoir de concentration du pouvoir entre les mains d'un seul homme pendant trop longtemps », a-t-il déclaré, appelant expressément le président burundais à ne pas se présenter pour un troisième mandat.
« Il est important pour le président Nkurunziza de respecter la limite de son mandat prévu par les Accords d'Arusha, a ajouté Tom Malinowski. En réalité, beaucoup de gens sont d'accord avec ça, dont des personnes appartenant à la coalition au pouvoir et la résistance que la décision a provoqué au sein de la population prouve que le pays sera difficile, voire impossible à gouverner tant qu'il [Pierre Nkurunziza] insistera pour rester au pouvoir. »
Selon le diplomate américain, il reste de la place pour le dialogue,
«
en particulier sur la question des forces de sécurité qui ont visé des civils, sur la question de restaurer le droit de manifester ou celle de rouvrir les médias qui ont été fermés. Mais en ce qui concerne le troisième mandat, il paraît difficile de voir une solution à la crise, une solution où le pouvoir resterait entre les mains d'une personne pour toujours au Burundi. Les Accords d'Arusha doivent être respectés dans cette crise. »
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