Le coup de fil du patron de la Maison Blanche Barack Obama demandant à Paul Kagame de cesser tout soutien aux rebelles du M23 qui sème la désolation en République démocratique du Congo suscite des commentaires, notamment dans les milieux d'anciens dirigeants rwandais qui connaissent le système mis en place par l'homme fort de Kigali pour pérenniser son pouvoir. La réaction la plus significative est celle de Faustin Twagiramungu, le Premier ministre du premier gouvernement post-génocide du Rwanda.

Depuis la Belgique où il vit en exil, M. Twagiramungu estime que le fait que le président Obama ait personnellement appelé Kagame est un signe que l'administration américaine ne peut plus accepter ce qui se passe en RDC. « Cet appel est significatif parce qu'il appartient à Kagame aujourd'hui de répondre. Ou je ne m'exécute pas ou  je retire mon  soutien aux membres  du M23. S'il persistait dans son mensonge, car il s'agit de mensonges ici, il est évident que les Etats-Unis et les autres pays réagiront en conséquence. », a indiqué Faustin Twagiramungu au micro de BBC.
 
A la question de savoir si cette initiative d'Obama est sincère ou c'est de la comédie pour distraire la communauté internationale parce que les Etats-Unis sont un allier du Rwanda, Twagiramungu affirme que « ça ne peut pas être une comédie parce que depuis bientôt trois mois, il y a des organisations de défense des droits de l'homme qui se plaignent de ce qui se passe au Congo.  Les Congolais ont eu plus de morts que les Rwandais. Cinq millions de Congolais sont morts à cause des guerres continuelles  menées par le Rwanda tous les mois. Ce coup de  fil du président Obama, Kagame devait y réagir positivement. S'il réagi négativement, il doit s'attendre à des conséquences qui pourraient peut-être mettre son pouvoir en danger ».
 
Prié de dire pourquoi, il a fallu beaucoup de temps aux USA pour prendre ses distances par rapport à ce régime qui est en place depuis 18 ans, l'ancien Premier ministre rwandais explique qu'Il y a eu des décideurs au niveau du gouvernement, mais il y a eu aussi des lobbies. « J'ai travaillé dans ce système, je crois que le gouvernement rwandais dépense des millions pour acheter son pouvoir. Des millions non pas pour corrompre mais pour payer les lobbies », précise t-il.

On comprend pourquoi, Paul Kagame peut dormir tranquille sur ses deux lauriers quand son armée envahit le Congo et y perpétue de massacres, tue les enfants innocents, viole les femmes, brûle des villages entiers, pille les richesses de notre sous-sol. Grâce à l'efficacité des lobbies pro rwandais qui ont des ramifications dans les instances internationales et auprès des puissants du monde, l'homme fort de Kigali peut tout se permettre.

Les experts de l'ONU en savent quelque chose eux dont le rapport pourtant fourni et bien documenté sur l'implication du Rwanda dans la situation dramatique de l'Est n'a donné lieu à aucune sanction. Une certaine Susan Rice, dont les accointances avec le régime de Kigali sont connues, s'est opposé à toute sanction contre le Rwanda sans état d'âme alors qu'elle pouvait être à la place de ses milliers de femmes victimes au quotidien de viols et violence de la soldatesque de son protégé.

T.N./MMC