Génocide et propagande, l'instrumentalisation politique des massacres Préface à l'édition française - Lux Editeur
À peine avions-nous soumis le texte de Génocide et propagande à son éditeur (Monthly Review Press), fin mars 2009, qu'une série d'événements venait confirmer l'éclairage que nous venions d'y porter sur le choix politique d'utiliser ou non les termes « génocide » et « massacre » pour décrire des exactions commises en différents endroits. Aujourd'hui, environ deux ans et demi plus tard, nous pouvons affirmer sans exagération que notre critique était suffisamment solide pour montrer non seulement à quel point cette« politique du génocide[1] » n'a cessé de prévaloir depuis, mais aussi la manière dont les mêmes facteurs politiques s'appliquent désormais à un registre bien plus large d'événements, ainsi qu'au traitement que ces derniers reçoivent des organes de l'establishment et notamment de médias, d'intellectuels et de militants qui, aux États-Unis, sont pleinement intégrés aux structures du pouvoir[2].
Changement de régime en Libye
« Je tiens à rassurer tout le monde, cette histoire est terminée, ce chapitre est clos », déclarait sur Al-Jazira-tv un porte-parole militaire du Conseil national de transition libyen (cnt). « Mouammar Kadhafi a été tué ! » déclarait le même jour, à Tripoli, Mahmoud Jibril, premier ministre dudit cnt, au cours d'une conférence de presse. Kadhafi aura été « le premier des autocrates tués au cours des soulèvements du printemps arabe », annonçait pour sa part le New York Times pour décrire l'événement — « un moment historique », selon les termes du Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, « la fin des 42 années de règne du régime de Kadhafi ». « La guerre est finie ! »claironnait en France Bernard-Henri Lévy. « Le bain de sang est terminé[3] ! »
Mouammar Kadhafi est mort le 20 octobre 2011 aux mains des combattants du cnt, après que le cortège de véhicules dans lequel il avait pris place eut été quasiment calciné aux portes de Syrte, sa ville natale, par les drones Predator américains, et après le massacre d'on ne sait combien de civils et de combattants loyalistes à Syrte et dans les nombreuses autres villes libyennes où la résistance aux forces du cnt et de l'otan avait tenu le plus longtemps. Cette mort survenait quasiment sept mois, jour pour jour, après que les militaires américains eurent lancé sur le régime de Tripoli leur premier missile de croisière et leurs premiers bombardements, en totale violation des résolutions du Conseil de sécurité de l'onu que Washington et ses alliés de Londres, Paris et Bruxelles n'avaient cessé d'invoquer pour justifier leur guerre d'agression contre la Libye[4]. « Dans ce pays-là — la Libye — à ce moment-là, nous devions faire face à des exactions sur le point d'être commises à une échelle épouvantable », expliquait le président américain Barack Obama à la National Defense University, le 28 mars 2011. « Certaines nations sont sans doute capables de fermer les yeux sur les atrocités commises dans d'autres pays, continua-t-il, mais il en va autrement pour les États-Unis d'Amérique. Et en tant que président, j'ai refusé d'attendre de voir des massacres et des charniers pour intervenir[5]. »
Pourquoi, en quoi et en vertu de quel étalon moral la participation de l'otan à sept mois de conflit armé et aux bains de sang l'accompagnant — l'extermination, notamment, des travailleurs noirs[6]dans toute la Libye, à partir de l'est, puis de l'ouest vers Tripoli, Misrata, BaniWalid et enfin Syrte — était-elle préférable au bain de sang potentiel que les forces de Kadhafi avaient soi-disant l'intention de perpétrer, fin mars, contre leurs opposants à Benghazi ? Personne n'a avancé la moindre explication.
Comme l'observaient Jean Bricmont et Diana Johnstone peu avant la fuite de Kadhafi hors de Tripoli, en août : « Les activistes qui, en mars, clamaient "nous devons faire quelque chose" pour empêcher un massacre hypothétique, ne font absolument rien aujourd'hui pour empêcher un massacre qui, lui, n'a rien d'hypothétique, mais qui est bien réel, visible et perpétré par ceux qui "ont fait quelque chose"[7]. » Telle devait être la toute première mise en application de la doctrine de la« responsabilité de protéger[8] », une avancée paraît-il par rapport à une intervention « illégale mais légitime », selon l'euphémisme utilisé pour justifier la dernière (mais toute première) « intervention humanitaire » de l'otan au Kosovo, en 1999[9]. Le bain de sang auquel Bernard-Henri Lévy faisait allusion s'est achevé, certes, mais seulement parce qu'il avait été orchestré du début à la fin par l'otan.
Plutôt que la simple « protection des civils » invoquée après coup par la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l'onu[10] (17 mars), la guerre de 2011 contre la Libye s'avéra être, dans le monde réel, un authentique cas de guerre coloniale. Sept jours seulement allaient s'écouler entre la réponse du régime aux premières manifestations anti-Kadhafi à Benghazi (15 février) et le durcissement de celui-ci devant le Conseil de sécurité de l'onu (22 février), à grand renfort de rhétorique sur le devoir qu'avait la Libye de « respecter sa responsabilité de protéger sa population » et de « veiller à ce que les responsables d'attaques […] contre des civils soient tenus de rendre des comptes[11] ». Et quatre jours plus tard à peine, le Conseil adoptait sa première résolution contre le régime (26 février), une action qui donnait une fausse image de la réponse du régime à la fulgurante expansion d'une insurrection armée commanditée depuis l'étranger[12], réponse qui n'avait d'ailleurs rien d'une« répression aveugle de manifestants pacifiques » ou d'une « incitation à la haine et à la violence contre la population civile ». La résolution 1970 du Conseil de sécurité appelait le procureur général de la Cour pénale internationale (cpi) à examiner rapidement la « situation en Libye ». Dans le même temps, elle plaçait de facto tout ressortissant non libyen d'un pays « non membre du Statut de Rome » en dehors de la juridiction de la cpi — exigence émanant clairement de Washington, parfaitement conforme à l'habitude américaine de rejeter d'office toute loi internationale susceptible d'entraîner des poursuites contre les ressortissants américains, mais qui présageait aussi de la brutalité de l'engagement militaire qui allait suivre[13].
Cinq jours plus tard (3 mars), le procureur de la cpi, Luis Moreno-Ocampo, annonçait que son examen des documents jusqu'ici disponibles justifiait l'ouverture d'une enquête sur le régime de Kadhafi. « Il n'y aura pas d'impunité en Libye ! » déclarait-il à La Haye. « Personne n'est habilité à attaquer et massacrer des civils[14]. » Plus tard, dans son rapport auprès du Conseil de sécurité, Moreno-Ocampo fit valoir que la « situation en Libye […] atteignait clairement le seuil de gravité requis par le Statut de la cpi » et qu'il n'y avait « aucune raison substantielle de penser qu'une telle enquête ne puisse servir les intérêts de la justice[15]». Comme nous le montrons dans le présent ouvrage, lorsqu'en février 2006 Moreno-Ocampo refusa l'ouverture d'une enquête sur les atrocités commises par les États-Unis et leurs alliés au cours de leurs trois premières années de guerre et d'occupation en Irak, il le fit sensiblement dans les mêmes termes que plus tard au sujet du régime de Kadhafi, mais avec une conclusion diamétralement opposée. Le principe qu'il mettait en avant l'était lui aussi : les exactions commises par les Américains en Irak « ne semblent pas avoir jamais atteint le seuil de gravité du Statut », déclarait-il alors[16]. Cette déclaration intervenait près de trois ans après le déclenchement d'une guerre d'agression illégale contre un pays souverain membre des Nations Unies ayant fait un nombre de victimes colossal et produit une crise humanitaire chronique avec des millions de réfugiés. Elle intervenait en outre après 16 ans de mise en état de siège économique, politique et militaire d'un pays de plus de 20 millions d'habitants par les États-Unis et l'Angleterre. Mais tout cela importait peu. Certains seuils du procureur de la cpi peuvent simplement être atteints instantanément, d'autres jamais. C'est ça, la « justice internationale » à l'aube du xxie siècle.
Lorsque cette énorme phalange multilatérale, corollaire de la puissance américaine — et où s'amalgament direction de l'otan, Conseil de sécurité, Secrétaire général ou Conseil des droits de l'homme de l'onu, cpi, ong des droits de l'homme, médias, intellectuels et activistes —, s'est entièrement mobilisée contre le régime de Kadhafi, après la mi-février 2001, ils ont collectivement offert aux puissances de l'otan alliées des États-Unis la possibilité de déclencher une guerre qui n'a jamais réellement eu d'autre objectif que le renversement du gouvernement légitime d'un membre souverain des Nations Unies. En fait, lorsque début octobre 2011 Vitaly Churkin, l'ambassadeur de Russie auprès des Nations Unies, expliqua les raisons qu'avait son pays d'opposer son veto à un projet de résolution qui, en réponse au violent conflit qui déchire la Syrie, exigeait que des sanctions soient imposées au régime de Bashar Al-Assad, il déclara : « La situation en Syrie ne peut être considérée par le Conseil séparément de l'expérience libyenne. » Il poursuivit ainsi :
La communauté internationale s'alarme de déclarations selon lesquelles l'application des résolutions du Conseil de sécurité sur la Libye, telle que l'interprète l'otan, apparaît comme un modèle pour de futures actions de l'otan dans son application de la responsabilité de protéger. Il apparaît clairement que le modèle actuel de « protecteur unifié » pourrait se reproduire en Syrie […]. Pour nous, membres des Nations Unies, y compris en termes de précédent, il est très important de comprendre comment la résolution [libyenne] a été appliquée, et comment une résolution du Conseil de sécurité s'est retrouvée changée en son propre contraire […]. De la demande d'un cessez-le-feu immédiat on est passé à une guerre civile à part entière, dont les conséquences humanitaires, sociales, économiques et militaires dépassent les frontières libyennes. Combinée à cette situation, la zone d'interdiction aérienne s'est transformée en bombardement des raffineries, des chaînes de télévision et d'autres installations civiles. L'embargo sur les armes s'est transformé en un blocus maritime de l'ouest de la Libye, et notamment en un blocus de l'aide humanitaire. Aujourd'hui la tragédie de Benghazi s'est étendue à d'autres villes libyennes — Syrte et Bani Walid. De tels modèles devraient être une bonne fois pour toutes exclus des pratiques internationales[17].
Mais dans le contexte frénétique de février-mars 2011 — les États-Unis, la France et l'Angleterre surveillant de très près le régime de Kadhafi et cherchant la moindre excuse pour effacer ce régime de la carte du Maghreb —, la somme des exactions, atrocités, massacres et autres charniers imaginaires ne serait jamais assez insignifiante pour détourner les humanitaires engagés du recours à la guerre, ou trop peu importante pour pouvoir atteindre le seuil antikadhafiste de Moreno-Ocampo.
L'exemption du Sri Lanka
Ailleurs pourtant — un cas particulièrement éclairant et dont le point de départ est même antérieur à mars 2009 (en fait, tout commence vers janvier 2008[18]) —, un assaut massif extrêmement violent fut lancé par le gouvernement srilankais contre les Tigres de libération de l'Eelam tamoul (tlet) et la minorité tamoule de la région du Vanni, au nord du Sri Lanka. Dès début 2009, quelque 330 000 civils s'entassaient au nord de Mullaittivu (ville côtière du golfe du Bengale) dans des poches de plus en plus petites déclarées « zones de cessez-le-feu » par le gouvernement. Ces concentrations de civils passèrent de 57 km2 à 20,7 km2, puis à 2,6 km2 à partir du mois de mai, chacune de ces « zones de cessez-le-feu » se trouvant tour à tour cible d'un bombardement aérien et d'un pilonnage d'artillerie quasi constant de l'armée srilankaise causant d'innombrables victimes[19]. Bien que le rapport de 2011 sur les responsabilités au Sri Lanka, rapport produit par un groupe d'experts mandatés par le Secrétaire général de l'onu, ait observé qu'il n'y avait « aucune évaluation fiable du nombre de civils tués », il précisait néanmoins : « De multiples sources indiquent que le chiffre de quelque 40 000 civils tués semble ne pouvoir être écarté à ce stade[20]. »
Pendant tout le début de l'année 2009, de janvier à mai, des appels furent lancés aux belligérants, aux Nations Unies et aux pays concernés par ce conflit pour qu'ils invoquent la doctrine de la responsabilité de protéger et apportent un minimum de soutien à une population civile prise au piège entre l'armée srilankaise et ce qu'il restait des forces armées du tlet systématiquement anéanties par l'offensive. Le 31 janvier, lors d'une conférence de presse tenue non loin de là, à Chennai, en Inde, le People's Union for Civil Liberties, proche des Tamouls, déplorait amèrement que « la communauté internationale semble avoir décidé de s'en tenir au rôle de spectateur passif devant le drame épouvantable de mort et de destruction s'abattant sur les Tamouls du nord du Sri Lanka ». Il lançait un appel « aux Nations Unies pour qu'elles invoquent la doctrine de la "responsabilité de protéger" et qu'elles interviennent proactivement dans la crise srilankaise sur un principe d'urgence, afin d'empêcher que la crise humanitaire ne s'aggrave encore davantage[21] ». Le gouvernement norvégien, qui fut des années durant le principal négociateur entre les Tigres tamouls et le gouvernement srilankais, « condamn[a] lui aussi la conduite des hostilités au Sri Lanka, qui imposait aux civils des souffrances inacceptables », et rappela au gouvernement srilankais et au tlet qu'ils avaient « l'un comme l'autre […] la responsabilité de protéger les populations civiles et d'empêcher que les civils ne soient tués[22] ».
Mais ni les Nations Unies ni aucune coalition d'États ne tinrent compte de ces appels durant toute la période cruciale de janvier/mai 2009, et le Conseil de sécurité ne prit jamais la peine de débattre (et à fortiori d'adopter) une résolution renvoyant les atrocités commises à l'encontre des civils tamouls devant le procureur de la cpi afin qu'il exige l'ouverture d'une enquête. Dans le rapport du groupe d'experts de l'onu, on ne trouve aucune remise en question de la doctrine de la responsabilité de protéger dans le contexte de l'écrasement sanglant du tlet au Sri Lanka entre 2008 et 2009, du massacre aveugle des civils et des autres exactions ayant accompagné cette offensive. Le groupe ne recommanda pas non plus que le Conseil de sécurité renvoie le sujet devant la cpi afin que soit ouverte une enquête sur la manière dont le gouvernement srilankais était en train de mettre un terme aux 30 années d'insurrection indépendantiste des Tigres tamouls. Il n'en précise pas moins explicitement que « des dizaines de milliers de personnes ont perdu la vie entre janvier et mai 2009 »lorsque le gouvernement a transformé ses « zones de cessez-le-feu » en véritables zones de feu à volonté sur les Tamouls. Ainsi, bien que « le refus ou l'incapacité [d'un gouvernement] à enquêter véritablement » sur ses propres exactions soit textuellement, aux termes du Statut de Rome, l'un des éléments pouvant déterminer le procureur de la cpi à ordonner l'ouverture d'une enquête sur de possibles crimes de guerre ou crimes contre l'humanité, et bien que l'opinion du groupe d'experts de l'onu ait été que « le gouvernement du Sri Lanka n'a pas tenu compte de sa responsabilité d'enquêter en toute impartialité et n'a donné aucun signe d'en avoir la moindre intention », le Sri Lanka demeure à ce jour exempt de toute poursuite de la part de la cpi, tout comme il est resté exempt de toute responsabilité de protéger pendant la période la plus sanglante de son offensive militaire contre les populations civiles tamoules de la région du Vanni[23]. En septembre 2011, soit plus de deux ans après la perpétration des principaux massacres au Sri Lanka, un rapport d'Amnistie internationale (ai) mettait en cause le refus du Secrétaire général de l'onu, Ban Ki-moon, de « mettre en place un mécanisme international indépendant de mise en examen » concernant de probables violations du droit humanitaire ou des droits de l'homme au Sri Lanka, sous le fallacieux prétexte qu'il « attendait l'aval d'une autre instance de l'onu, telle que le Conseil de sécurité ou le Conseil des droits de l'homme ». Comme le précisait ai, Ban Ki-moon n'avait d'ailleurs toujours pas pris la peine de« soumettre officiellement le rapport du groupe d'experts de l'onu au Conseil des droits de l'homme[24] ».
La Libye et le Sri Lanka
Le contraste entre l'impunité systématique dont jouit depuis des années le régime du Sri Lanka — malgré l'attaque massive lancée contre la population tamoule en 2008-2009 — et la condamnation instantanée du régime de Kadhafi par Ban Ki-moon et Navi Pillay, le haut-commissaire de l'onu aux droits de l'homme, et ce, moins d'une dizaine de jours après la première réaction des autorités libyennes à un soulèvement organisé de l'extérieur à l'est de la Libye, est à couper le souffle. Tout comme l'est la demande non moins expresse de Moreno-Ocampo d'ouverture d'une enquête sur le régime de Kadhafi, sur son fils Saif, ainsi que sur son beau-frère, Abdullah Al-Senussi[25]. En fouillant méthodiquement les banques de données des mêmes agences et organes de presse à la recherche de mentions faites des termes « Sri Lanka » et « Libye » en relation avec « responsabilité de protéger »(ou d'autres termes similaires), nous avons observé que la doctrine de la responsabilité de protéger apparaissait approximativement dix fois plus fréquemment au sujet de la Libye qu'au sujet du Sri Lanka[26]. De telles différences dans l'utilisation des mêmes termes par les médias de l'establishment reflètent des différences dans les intérêts de l'establishment qui se trouve au cœur du pouvoir mondial. Elles n'ont manifestement rien à voir avec une véritable préoccupation pour les violences perpétrées contre des civils dans le monde ou la protection des civils contre une agression. Comme nous l'avons souligné, le niveau des violences commises à l'encontre des Tamouls au nord du Sri Lanka était infiniment plus grand que celui observé à l'encontre des Libyens pendant la période durant laquelle ont été émises les deux résolutions du Conseil de sécurité (26 février et 17 mars 2011). L'ampleur des violences imputables au régime de Kadhafi avant le début de l'attaque franco-britannique du 19 mars 2011 était évidemment inférieure à ce qu'elle allait devenir après cette date, mais le niveau de violence du régime de Kadhafi allait de toute façon rester bien inférieur à celui déchaîné par les puissances de l'otan et leurs clients du cnt contre le régime — sans quoi le régime de Kadhafi serait peut-être toujours en place.
Ces interventions officiellement liées à la responsabilité de protéger procédaient de la condamnation du régime de Kadhafi par le Conseil de sécurité exactement au même titre que l'inaction à l'égard du Sri Lanka procédait du silence stratégique des puissances occidentales devant le bain de sang bien réel et infiniment plus grave qui y était perpétré. Reste que sur le fond, en dépit des compromis considérables qu'il avait concédés aux Occidentaux ces dernières années (et en particulier l'abandon du programme d'armement nucléaire de la Libye en décembre 2003 — une leçon pour tout détenteur d'arme nucléaire potentiel qui ne serait pas en très bons termes avec les États-Unis, soit dit en passant[27]), Mouammar Kadhafi demeurait une force indépendante, qui incitait les pays de l'Union africaine (ua) à s'organiser pour résister à la domination occidentale, et qui encourageait la Chine à accroître son partenariat avec la Libye pour le développement des ressources énergétiques du pays. Qui plus est, récemment, Kadhafi avait su tirer parti de son élection à la présidence tournante de l'uapour faire du lobbying auprès de ses alliés, membres de l'ua, et les rallier contre la cpi et ce qu'une déclaration antérieure de l'ua appelait déjà le « mauvais usage [que fait la cpi] des poursuites qu'elle lance contre certains dirigeants africains[28] ». Ainsi, l'une des décisions adoptées par l'ua en 2009 à Syrte, ville natale de Kadhafi, stipulait que « les membres de l'ua ne doivent pas coopérer » avec lacpi concernant le mandat d'arrêt lancé contre le président du Soudan Omar el-Beshir[29]. En conséquence, lorsque les premières manifestations du soi-disant « printemps arabe » offrirent aux grandes puissances occidentales un excellent prétexte pour mener à bien un changement de régime en Libye — le prétexte de protéger un soulèvement populaire « prodémocrate » contre son écrasement par les forces armées de son propre gouvernement —, ils ne manquèrent pas d'encourager, d'organiser, d'armer et d'appuyer médiatiquement l'insurrection anti-Kadhafi jusqu'à obtenir, par un soutien aérien et logistique écrasant, le renversement effectif du régime en à peine plus de six mois.
Les relations des puissances occidentales avec le Sri Lanka étaient radicalement différentes. Les États-Unis et leurs alliés entretenaient de longue date d'excellentes relations avec le gouvernement à majorité cinghalaise de Colombo et souhaitaient l'amener à devenir un jour une sorte de bras armé de l'otan dans le Sud-Est asiatique. À eux seuls, les États-Unis avaient débloqué quelque deux milliards de dollars d'aide au Sri Lanka, ils contribuaient à l'entraînement de ses forces armées et entretenaient sur place des installations de radiodiffusion de l'International Broadcasting Bureau (anciennement Voice of America).
Dans sa note de 2011 sur le contexte srilankais, le département d'État américain décrivait le régime du président Mahinda Rajapaksa (au pouvoir depuis novembre 2005) comme « fermement démocratique » — entre autres superlatifs — et vantait les mérites de la « politique étrangère modérément non alignée » du régime de Rajapaksa, ainsi que le rôle constructif de sa victoire contre les « activités terroristes » du tlet[30].
Sur le plan international, la conséquence de l'alignement politique du Sri Lanka sur les États-Unis et leurs alliés et du non-alignement de la Libye était la suivante : tandis que la première réponse militaire du régime de Kadhafi à une insurrection armée à l'est du pays devenait instantanément un massacre néfaste et même un « génocide » imminent — ce qui impliquait non seulement une condamnation sans appel et des menaces mais surtout, fondamentalement, le déclenchement d'une guerre ouverte contre le régime —, l'anéantissement systématique de l'insurrection tamoule, sur une longue période, par le régime Rajapaksa — avec ses dizaines de milliers de victimes civiles — demeurait bénin et, de fait, restait loin de pouvoir franchir un jour le seuil de gravité nécessaire à l'activation des mécanismes liés à la responsabilité de protéger aux yeux du Conseil de sécurité de l'onu ou du procureur de la cpi. Par voie de conséquence, la Libye serait promptement condamnée et implacablement écrasée sous les bombes, tandis que le Sri Lanka de Rajapaksa serait seulement aimablement convié par le département d'État américain à bien vouloir mener lui-même une« enquête interne crédible » sur les allégations de crime de guerre dont son armée faisait l'objet, puis menacé d'un éventuel soutien américain à une surveillance internationale, ce qui est « exactement le genre d'action internationale dont le Sri Lanka affirm[ait] ne pas vouloir entendre parler[31] ». Ban Ki-moon fit même le voyage jusqu'à Colombo au lendemain de l'assaut final contre les Tamouls pour y exprimer toute sa satisfaction devant « les engagements [pris par le régime Rajapaksa] pour la promotion et la protection des droits de l'homme » et le « processus mis en place pour que les auteurs de violations du droit international, humanitaire ou des droits de l'homme fassent l'objet de poursuites ». Il parlait, en fait, de la promesse faite par le régime d'enquêter sur lui-même[32] ! Aucune autre menace ne fut jamais brandie que celle d'une surveillance internationale brutale, rien, en tout cas, concernant une action pour protéger les civils.
Conclusion
Il est absolument vital, pour la pérennité d'un monde placé sous la férule de la loi du plus fort, que les puissances militaires qui disposent des moyens d'une extrême violence disposent aussi d'un vaste répertoire de pseudo-justifications à mettre en avant chaque fois qu'il leur faut nier la barbarie de leurs pratiques courantes.
« La mission de la coalition conduite par la France était de prévenir le massacre de civils dans les villes libyennes », déclara le « guerrier humanitaire » engagé Bernard-Henri Lévy, à l'antenne de Reuters Télévision le jour de l'exécution de Mouammar Kadhafi. « En conséquence, c'était de réduire, d'empêcher de nuire, de capturer et d'arrêter celui qui était l'organisateur de ce massacre de civils. Aujourd'hui, c'est chose faite[33]. »
En réalité, ce que les puissances occidentales ont fait, c'est dévaster un pays entier, massacrer et déplacer un très grand nombre de civils, et laisser la Libye sans leader et totalement désorganisée — un État en déliquescence[34].
Les raisons pour lesquelles l'establishment américain et les institutions occidentales sont prêts à saisir au vol la moindre chance de diaboliser puis de renverser un régime tel que celui de Mouammar Kadhafi, et ce, au nom de la protection des civils, alors qu'à d'autres moments ils ont sciemment ignoré le massacre de certaines populations, sont cependant très claires. Ce sont les exigences et les intérêts des puissances impériales occidentales qui sont à l'origine de cette dichotomie systématique dans le traitement de cas pourtant en apparence similaires.
Dans les cas que nous venons de comparer comme dans une multitude d'autres, les médias remarquent ce que l'on pourrait appeler le modèle type du département d'État américain. Dans ce modèle type, tandis que les dirigeants des pays visés sont présentés comme dangereux ou mal intentionnés, et donc diabolisés, les dirigeants des pays alliés ou clients sont pour leur part au pire réprimandés pour quelque regrettable indiscrétion, leurs délits étant totalement occultés, minorés ou placés dans un contexte de circonstances atténuantes.
Aux États-Unis comme en France ou en Angleterre, l'adhésion d'une bonne part de la gauche à cette attitude dans le traitement des faits relatifs aux événements de la Syrie et du Sri Lanka ne manque cependant pas d'être préoccupante, car toute tentative de résistance aux puissances impériales requiert l'opposition critique et correctement informée des intellectuels, médias et activistes de gauche qui vivent, travaillent et œuvrent au sein même de ces puissances impériales. Au contraire, ce à quoi nous venons d'assister au cours de ces deux ou trois dernières années, c'est à la capitulation de la gauche. Elle a renoncé à se battre, et toute son attention, ses passions et son indignation morale ont été mises au diapason des exigences de l'Occident impérial.
Cette mise au pas était déjà évidente tout au long des campagnes de démantèlement de la Yougoslavie (toujours en cours depuis 1991), ce qui permit finalement aux États-Unis et à l'onud'arracher par la force la province serbe du Kosovo (1999). La gauche avait alors massivement adhéré à l'idée que, dans ce cas précis, il s'agissait bien d'une « intervention humanitaire » (si regrettablement tardive et aussi violente fut-elle). Au cours des deux dernières décennies, de nombreux ténors de la gauche occidentale ont spontanément emboîté le pas à d'autres campagnes du même type, toutes soigneusement alignées sur les politiques américaines, qu'il s'agisse du Darfour, de l'Irak ou de l'Afghanistan. Mais la majorité de ces mêmes ténors de la gauche, plus récemment, restèrent aussi enfermés dans leur mutisme lorsque furent exhumés les dossiers qui venaient corroborer le monumental amoncellement de preuves impliquant l'actuel dictateur du Rwanda, Paul Kagamé, et son Front patriotique rwandais (fpr), dans deux sinistres décennies de bains de sang incluant notamment leur prise du pouvoir, au Rwanda même (1990-1994), puis leurs sanglantes campagnes dans la République du Congo, à partir de 1996.
Pour tout dire, cette « politique du génocide » se poursuit sans détour à l'heure du prétendu avènement de la responsabilité de protéger et d'un ordre mondial nouveau érigé autour des droits de l'homme. Le principe fondamentalement politique des deux poids deux mesures demeure, lui, intact et solidement établi.
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[1] Le titre original du livre en anglais est The Politics of Genocide. [NdÉ]
[2]Pour une présentation du modèle analytique que nous avons utilisé tout au long du présent ouvrage, voir notre introduction p. 29. Dans la conclusion (p. 131), nous décrivions ainsi notre approche générale : dans toute sa structure, la représentation des événements internationaux produite par l'establishment occidental, reproduit trait pour trait un traitement dichotomique strictement calqué sur les préférences des politiques et des puissances occidentales. Ce traitement dichotomique peut se résumer à deux règles de base : 1) Lorsque nous-mêmes des exactions de masse, ces atrocités sont constructives, nos victimes, indignes d'intérêt, ne méritent ni attention ni indignation, et ce n'est jamais un génocide qu'elles subissent de notre part. 2) Dès lors que des exactions sont commises par l'un de nos ennemis ou par l'un des pays que nous visons à attaquer ou à déstabiliser, alors c'est tout le contraire. Là, les atrocités sont alors néfastes et les victimes, dignes d'intérêt, méritent toute notre attention, toute notre compassion, de grandes démonstrations de solidarité et de vibrants appels à des poursuites et des sanctions.
[3]Voir notamment Christopher Gillette et Kim Gamel, « Gadhafi, Libya's Leader for 42 Years Until Ousted by His People, Killed as Hometown Falls », Associated Press, 20 octobre 2011 ; Kareem Fahim et al., « Qaddafi, Seized by Foes, Meets a Violent End », The New York Times, 21 octobre 2011 ; « As Libya Closes "Painful, Tragic Chapter", Secretary-General Pays Tribute to Libyan People's Courage » (SG/SM/13891), un Department of Public Information, 20 octobre 2011 ; et « Key Sarkozy Libya Advisor Says Gadhafi Dictatorship andWar Are Now Over », Reuters Television, 20 octobre 2011.
[4] Résolution 1970 du Conseil de sécurité de l'onu, 26 février 2011 ; et résolution 1973 du Conseil de sécurité de l'onu, 17 mars 2011.
[5]Barack Obama, « Remarks by the President in Address to the Nation on Libya », National Defense University, Washington, DC, Bureau du secrétaire de presse à la Maison-Blanche, 28 mars 2011.
[6]David D. Kirkpatrick, « Libyans Turn Wrath on Dark-Skinned Migrants », The New York Times, 4 septembre 2011. Ajoutons ici que la furie, non pas des Libyens eux-mêmes mais de ceux qui combattaient aux côtés de l'insurrection anti- Kadhafi, s'était tournée dès le tout début de la guerre (février) contre les Noirs qui vivaient et travaillaient en Libye.
[7]Jean Bricmont et Diana Johnstone, «Who Will Save Libya From Its Western Saviours?», Counterpunch, 16 août 2011 ; voir aussi Marinella Correggia, « Urgent Questions to nato on Libya », Pravda-English, 13 septembre 2011 ; voir aussi Pierre Lévy, « Contre la banalisation et la normalisation de l'ingérence », Mémoire des luttes, 23 septembre 2011.
[8]World Summit Outcome document 2005 (A/RES/60/1), Assemblée générale des Nations Unies, 15 septembre 2005, para. 138-139.
[9]Richard Goldstone et al., The Kosovo Report: Conflict, International Response, Lessons Learned, Commission internationale indépendante sur le Kosovo, New York, Oxford University Press, 2001. Dans le texte : « La Commission conclut que l'intervention militaire de l'onu était illégale mais légitime. Elle était illégale parce qu'elle n'avait pas reçu l'aval du Conseil de sécurité de l'onu avant d'être déclenchée. La Commission considère néanmoins que l'intervention était justifiée, parce que toutes les solutions diplomatiques avaient échoué et parce que l'intervention a eu pour effet de libérer la majorité de la population du Kosovo d'une longue période d'oppression sous la férule serbe. » (p. 4)
[10]Résolution 1973 du Conseil de sécurité de l'onu, para. 4-5. Le paragraphe 4 autorisait « les États membres […] à prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger les civils et les zones peuplées de civils menacées d'attaque dans la Jamahiriya arabe libyenne, Benghazi inclus, mais excluait l'installation d'une force d'occupation étrangère quelle qu'elle soit sur toute partie du territoire libyen ». La résolution 1973 n'autorisait cependant manifestement aucun État à armer, organiser et diriger l'insurrection, comme allaient le faire les États-Unis, la France et l'Angleterre. De même, la résolution 1973 n'autorisait aucune organisation régionale d'États telle que l'onu à fournir tout le support aérien dont l'insurrection pourrait avoir besoin pour renverser le gouvernement légitime de la Libye.
[11]« Security Council Press Statement on Libya » (SC/10180), un Department of Public Information, 22 février 2011. Rappelons que la session du Conseil de sécurité du 22 février s'est tenue à huis clos, et qu'aucun compte-rendu n'en a été publié.
[12]De nombreux médias ont fait état de la présence de sections mixtes des forces spéciales américaines, françaises et britanniques sur le territoire libyen dès le mois de février 2011. Voir notamment « us Military Advisers in Cyrenaica », debkafile Special Report, 25 février 2011, qui fait état de « centaines » de « conseillers militaires », ce qui fait de cette opération « la première fois que l'Amérique et l'Europe interviennent militairement dans l'un des soulèvements populaires qui agitent le Proche-Orient. . . ». Voir aussi Mark Hosenball, «Obama Authorizes Secret Help for Libya Rebels », Reuters, 30 mars 2011 ; Pauline Jelinek, « us SaysNo American "Boots" on the Ground in Libya, but it is Fancy Footwork : The cia Is There », Associated Press, 31 mars 2011 ; Nicholas Watt, Paul Harris, « Cameron Agrees with us on Legality of Arming Rebels », The Guardian, 31 mars 2011 ; Mark Mazzetti, Eric Schmitt, « Top Libyan Official Defects ; Rebels Are Retreating : cia Spies Aiding Airstrikes and Assessing Qaddafi's Foes », The New York Times, 31 mars 2011 ; Karen DeYoung, Greg Miller, « cia at Work Inside Libya », The Washington Post, 31 mars 2011.
[13] Résolution 1970 du Conseil de sécurité de l'onu, para. 6.
[14]« International Criminal Court Investigates Libya Violence in Response to un Request », un News Centre, 3 mars 2011.
[15]Rapport initial du procureur de la cpi au Conseil de sécurité des Nations Unies, conformément à la résolution 1970 du Conseil de sécurité, Bureau du procureur de la cpi, 4 mai 2011, para. 16 et para. 21.
[16] Voir p. 131-137 du présent ouvrage.
[17]« The Situation in theMiddle East » (S/PV.6627), Conseil de sécurité des Nations Unies, 4 octobre 2011, p. 35.
[18]L'insurrection armée des tlet, remonte à 1983. Mais il est généralement convenu de considérer que l'éradication finale, méthodique, minutieusement planifiée et menée à bien, conduite par le régime du président srilankais Mahinda Rajapaksa contre les Tigres tamouls remonte, elle, à janvier 2008, lorsque le régime de Rajapaksa a mis fin unilatéralement à un cessez-le-feu négocié avec le tlet sous médiation internationale, et que la Mission de surveillance au Sri Lanka chargée de documenter les violations du cessez-le-feu a jugé préférable de retirer son personnel européen. L'offensive finale de l'armée srilankaise s'étale de septembre 2008 au 19 mai 2009, lorsqu'à Colombo, au cours d'une conférence de presse télévisée, le chef de l'état-major des armées, le lieutenant général Sarath Fonseka, et Gotabhaya Rajapakse, secrétaire à la Défense du Sri Lanka et frère du président, déclarèrent l'offensive contre le tlet officiellement terminée : « À présent le pays est entièrement débarrassé du terrorisme. »
[19]Voir Report to Congress on Incidents During the Recent Conflict in Sri Lanka, Département d'État américain, 2009, «Map of the Area », p. 2, note 1.
[20]Marzuki Darusman et al., Report of the Secretary-General's Panel of Experts on Accountability in Sri Lanka, 31 mars 2011, para. 132-137 ; ici para. 137. Le rapport précise aussi que « la décision [des Nations Unies] de ne pas produire de données chiffrées spécifiques a rendu le sujet des pertes civiles moins attrayant pour les médias ». Il ajoute en outre que « d'aucuns ont critiqué le refus des Nations Unies de produire publiquement des données chiffrées pendant le déroulement des événements, dénonçant cette décision comme démesurément prudente en comparaison d'autres situations de conflit » (para. 136).
[21]« Humanitarian Crisis in Northern Sri Lanka », People's Union for Civil Liberties (Tamil Nadu et Pondichéry), communiqué de presse, le souligné est dans le texte original, 31 janvier 2011.
[22]« The Norwegian Government : "Unacceptable Suffering Among Civilians in Sri Lanka" », ministère norvégien des Affaires étrangères, PR 04/09, 27 janvier 2009.
[23]Statut de Rome de la cpi, Article 18(3). Le Sri Lanka n'est pas signataire dudit Statut de Rome, et aux termes du Statut il faudrait donc un référé du Conseil de sécurité avant que le procureur puisse avaliser l'ouverture d'une enquête. Voir aussi Darusman et al., Report of the Secretary-General's Panel of Experts on Accountability in Sri Lanka, « Executive Summary », p. iii, et para. 441.
[24]Sri Lanka : When will they get justice ? Failures of Sri Lanka's Lessons Learnt and Reconciliation Commission(llrc) (ASA 37/008/2011), Amnistie internationale, 7 septembre 2011, p. 8. Comme le conclut Amnistie : « Le Sri Lanka étant accoutumé de longue date à ne jamais nommer de commission d'enquête [. . .] Amnistie internationale n'estime pas que la llrc [Commission enseignements et réconciliation : organe officiel créé pour la circonstance] puisse un jour rendre justice et produire la vérité ainsi que de pleines et entières réparations aux victimes srilankaises de violations des droits de l'homme. La llrc n'a jamais été un mécanisme approprié pour enquêter sur des crimes aussi graves que ceux qui semblent avoir été commis au cours des derniers jours du conflit armé du Sri Lanka. [. . .] L'onu a le devoir d'enquêter sans délai sur ces allégations de violations du droit international. » (« The Need for an Independent Investigation », (p. 58)
[25]Luis Moreno-Ocampo, « Requête du procureur conformément à l'article 58 concernantMuammarMohammed AbuMinyar Qadhafi, Saifr Al-Islam Qadhafi et Abdullah Al-Senussi (ICC-01-11) », cpi, 16 mai 2011 ; pour l'aval de la cpi à cette requête, voir juge Sanji Mmasenono Monageng et al., « Décision sur la Requête du procureur conformément à l'article 58 concernant Muammar Mohammed AbuMinyar Qadhafi, Saifr Al Islam Qadhafi et Abdullah Al-Senussi (ICC-01-11) », cpi, 27 juin 2011.
[26]Recherches sur la base de données Factiva, menées le 20 octobre 2011 dans les catégories Wires (twir) etNewspapers : All (tnwp). Les paramètres exacts de recherche étaient les suivants : pour Sri Lanka : rst=(twir or tnwp) et (responsabilité de protéger ou R2P or RtoP) pour la période de 243 jours allant du 1er octobre 2008 au 31 mai 2009 ; et pour la Libye : rst=(twir or tnwp) et (responsabilité de protéger ou R2P ou RtoP) pour la période de 243 jours allant du 15 février au 15 octobre 2011. Les résultats étaient les suivants : pour le Sri Lanka : 150 ; pour la Libye : 1 470.
[27]Voir notamment Diederik Vandewalle, « The Origins and Parameters of Libya's Bold About-Face », The Daily Star, 22 mars 2004 ;NicholasWatt, « uk Firms Line Up Big Libya Deals : Blair Praises Gadafy's Courage Ahead of Historic Visit », The Guardian, 25 mars 2004 ; Simon Tisdall, « Talk, Talk or Bomb, Bomb? », The Guardian, 25 mars 2004.
[28]Communiqué du 142 Congrès du Conseil de paix et de sécurité (PSC/MIN/ Comm(CXLII)), Union africaine, Addis-Abeba, 21 juillet 2008, para. 3.
[29]Décision de la réunion des États africains parties du Statut de Rome de la cpi (Assembly/AU/Dec.245(XIII)), Union africaine, Syrte, 3 juillet 2009, para. 10.
[30] « Background Note : Sri Lanka », département d'État américain, 6 avril 2011.
[31]Daya Gamage, « us State Department Threatens Sri Lanka Could Face "Global Probe", that "They Say they Don'tWant" », Asian Tribune, 10 août 2011.
[32]« Durable Political Solution Key to Development in Post-Conflict Sri Lanka— Ban », un News Centre, 24 mai 2009.
[33]« Key Sarkozy Libya Advisor Says Gadhafi Dictatorship andWar Are Now Over », Reuters Television, 20 octobre 2011.
[34]En anglais failed state, l'un des termes fétiches de l'administration américaine ces dernières années, avec rogue state ou « État voyou », deux types d'État dont les grandes puissances ne sont pas tenues de respecter la souveraineté, jugée sans valeur. [NdT]
Rédigé par Edward S. Herman, David Peterson (April 5th, 2012)
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