Le Monde.fr avec AFP et Reuters | 20.11.2012 à 10h01 • Mis à jour le 20.11.2012 à 12h46
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Une colonne de rebelles du M23 est entrée mardi dans la ville de Goma, la capitale régionale du Nord-Kivu, dans l'est de la RDC, et progressaient à la mi-journée vers le centre de la ville et vers la frontière rwandaise, toute proche, a constaté un journaliste de l'AFP. Cette colonne a brièvement affronté des soldats des Forcesarmées de la République démocratique du Congo sur un boulevard longeant l'aéroport avant de poursuivre leur chemin vers le poste-frontière rwandais de Gisenyi.
L'aéroport de Goma est tombé mardi matin sous le contrôle du mouvement rebelle, a annoncé un responsable des Nations unies à Goma. Des tirs de mortiers ont été entendus et des scènes de pillages ont été rapportées.
L'aéroport est contigu à la ville adossée au lac Kivu et à la frontière rwandaise au nord. L'aéroport était jusqu'alors défendu par des membres de la garde républicaine, une troupe supposée d'élite. Lors de l'avancée des rebelles, plusieurs hélicoptères d'attaque des Nations unies étaient intervenus dimanche matin pour protéger l'aéroport et dissuader les rebelles de s'en emparer.
La rébellion congolaise du Mouvement du 23 mars (M23), qui a lancé une offensive depuis jeudi et débordé l'armée congolaise, avait stoppé son avance dimanche à quelques kilomètres du centre de Goma, apparemment sans chercher à prendrela ville. Lundi les mutins ont lancé un ultimatum au gouvernement congolais, lui demandant de démilitariser d'ici vingt-quatre heures la ville et d'ouvrir des négociations. Devant le refus de Kinshasa, la rébellion a repris dans l'après-midi ses tirs d'artillerie.
MAINTIEN DES CASQUES BLEUS PRÉSENTS DANS LA VILLE
Dans le même temps, la tension monte avec le Rwanda voisin, qui a accusé la RDC de l'avoir "délibérément" bombardé, ce que Kinshasa a aussitôt démenti. "Le Rwanda n'a pas l'intention de répondre à la provocation venant de la RDC. Les enjeux [en RDC] sont trop sérieux pour être soumis à ce petit jeu, a déclaré la ministre des affaires étrangères rwandaise, Louise Mushikiwabo. Le Rwanda s'efforcera d'aider la RDC, comme nous l'avons fait depuis le début de la crise."
L'ONU a annoncé l'évacuation pour mardi de ses employés "non essentiels", les casques bleus devant rester dans Goma pour assurer leur mission de protection des civils. Environ 6 700 soldats de l'ONU sont basés dans le Nord-Kivu. Capitale de la région, Goma compte environ 300 000 habitants, plus de nombreux déplacés. La ville a déjà été occupée à deux reprises en 1996 et 1998 par des rébellions.
RÉGION RICHE EN RESSOURCES
Le M23 a été créé début mai par des militaires, qui après avoir participé à une précédente rébellion ont intégré l'armée en 2009, à la suite d'un accord de paix. Ils se sont mutinés en avril, arguant que Kinshasa n'avait pas respecté ses engagements. Ils réclament notamment le maintien de tous les officiers dans leurs grades et refusent "le brassage" (affectations dans d'autres unités et d'autres régions) que veut leur imposer Kinshasa, ce qui les éloignerait de leur zone d'influence dans l'Est.
La région composée des provinces des Nord et Sud-Kivu est aussi le théâtre de conflits quasiment ininterrompus depuis une vingtaine d'années en raison de ses richesses en ressources minières (or, coltan, cassitérite) et agricoles, que se disputent le gouvernement congolais, divers mouvements rebelles et les pays voisins de la RDC, l'Ouganda, le Rwanda et le Burundi.
Kinshasa refuse catégoriquement de négocier avec le M23, qu'il qualifie de "forces fictives mises en place par le Rwanda pour dissimuler ses activités criminelles en RDC", selon le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende.
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