L'Onu s'inquiète de la situation politique au Rwanda
Le gouvernement rwandais mène une campagne de persécution contre les opposants destinée à faire taire toute voix dissidente au sein de la classe politique et des organisations de défense des droits de l'homme, a affirmé lundi un rapporteur spécial de l'Onu.
Paul Kagamé, ancien chef rebelle devenu président, est souvent loué pour avoir accompagné la transformation économique du pays depuis le génocide de 1994 et pour avoir envoyé des forces de maintien de la paix dans plusieurs régions d'Afrique.
Mais ses opposants et les défenseurs des droits de l'homme l'accusent de bafouer les libertés élémentaires, ce que le gouvernement dément.
Selon le rapporteur de l'Onu, Maina Kiai, les hommes politiques qui rejettent ce que Paul Kagamé présente comme un consensus politique sont régulièrement traduits devant les tribunaux, pour avoir minimisé le génocide ou pour sectarisme.
Il n'est pas rare non plus, selon Maina Kiai, que des responsables politiques ayant quitté le parti au pouvoir, le Front patriotique rwandais (FPR), soient accusés de corruption.
"Dans tous ces cas-là, les responsables politiques sont accusés de violence ou d'entretenir des liens avec des groupes violents", a-t-il affirmé à l'issue d'un séjour de huit jours dans le pays à l'invitation du gouvernement.
"Tout cela envoie des signaux inacceptables qui tendent à faire peur et à montrer que le fait de faire entendre pacifiquement une voix discordante relève de la criminalité", a ajouté le Kenyan Maina Kiai.
Aucun porte-parole du gouvernement n'a pu être joint dans l'immédiat.
Il y a dix jours, les Etats-Unis avaient fait part de leur inquiétude au sujet de la situation politique dans le pays après l'assassinat, en Afrique du Sud, d'un opposant en exil (voir ID:nL6N0KC18X). Le Rwanda a fermement nié toute implication. (Jenny Clover, Simon Carraud pour le service français, édité par Bertrand Boucey)
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