RFI : Quelle est votre réaction aux opérations militaires annoncées par la Monusco et les FARDC, quelle est votre position là-dessus ? Est-ce que vous êtes prêt à vous battre ?
Colonel Wilson Irategeka : En ce qui concerne les opérations militaires, nous ne sommes pas disposés à nous battre avec les forces de la Monusco et les FARDC, puisque d'ailleurs, les FARDC, ils ont été nos frères depuis longtemps. Pour le moment, nous ne sommes pas prêts à nous battre avec eux.
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Est-ce que la Monusco et le gouvernement congolais vous ont donné un ultimatum pour rendre les armes ?
Jusqu'à présent, pas encore. Un ultimatum pour rendre les armes ? On ne voit pas pourquoi, puisque nous ne voulons pas combattre. Trop de sang a été versé. Nous avons des réfugiés qui sont démunis, qui n'ont pas reçu d'assistance, sans accès aux médicaments. Nous avons des enfants sans éducation. Nous avons aussi des handicapés, des vieillards… Pourquoi alors engager le combat ? On demande à ce que nous puissions déposer les armes. Mais nous y sommes disposés à une condition : nous demandons à ce que le gouvernement de Kigali accepte de négocier avec les partis d'opposition.
Mais quel est votre objectif ? Vous aimeriez vous transformer en parti politique au Rwanda ?
Effectivement. Mais nous les FDLR, nous sommes déjà un parti politique qui a en son sein une armée. Ce sont les forces combattantes Abacunguzi. Donc, elles ont été créées pour défendre les réfugiés rwandais qui se trouvent en RDC, qui sont depuis longtemps exterminés par l'armée patriotique rwandaise. C'est pourquoi les FDLR existent, pour assurer leur défense et leur permettre de rentrer dignement dans leur pays natal.
Qu'est-ce que vous demandez précisément à la Monusco et au gouvernement congolais avant de déposer les armes ?
En ce qui concerne le gouvernement congolais, nous lui demandons de ne pas attaquer les FDLR. A l'instar de son excellence, le président tanzanien Jakaya Kikwete, le gouvernement congolais devrait aussi inciter le régime de Paul Kagame à accepter des négociations politiques. A la communauté internationale, nous demandons également de s'impliquer pour convaincre le régime de Kigali d'accepter ces négociations auxquelles d'autres partis politiques d'opposition doivent eux aussi adhérer, puisque c'est la seule voix pour établir une paix durable au Rwanda et dans la région.
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Nous voulons aussi que les réfugiés rwandais qui se trouvent à l'est de la RDC soient donc assistés et protégés pour qu'ils puissent rentrer chez eux dignement. Au gouvernement de Kigali, nous lui demandons franchement de tendre la main, d'accepter l'idée d'un pouvoir fondé sur le principe d'égalité, de dignité et de démocratie.
Vous avez envoyé une lettre à Mary Robinson, l'envoyée spéciale de l'ONU pour les Grands Lacs, et à Martin Kobler, le chef de la Monusco, pour demander ce dialogue inter-rwandais. Est-ce qu'ils vous ont répondu sur ce point ?
Jusqu'à présent, ils n'ont pas encore répondu. Nous leur avons donné nos revendications par écrit.
Quand vous parlez des autres partis politiques d'opposition, quels sont ceux avec lesquels vous êtes en discussion ? Est-ce que vous avez fait des démarches communes ?
Les démarches sont en cours. On est en contact avec le parti de monsieur Faustin Twagiramungu, avec le RNC dirigé par le général Kayumba Nyamwasa. On est en contact avec Théoneste Rudasingwa. Il y a aussi le parti dirigé par le général Emmanuel Habyarimana et celui de Paul Rusesabagina. Avec tous ces partis, nous sommes en contact et nous voulons ensemble construire un avenir meilleur pour le pays.
Est-ce que vous ne craignez pas en rentrant au Rwanda, d'être jugé pour génocide ? Puisque Kigali vous accuse d'avoir participé au génocide de 1994...
Comment est-ce que les enfants qui font partie des FDLR pour le moment, qui ont quitté le pays à l'âge de cinq ans, de dix ans, de quinze ans, qui viennent de passer presque 20 ans dans l'est de la RDC peuvent être des génocidaires ? C'est une campagne de diabolisation organisée par le pouvoir de Kigali contre les FDLR.
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