From: "agnesmurebwayire@yahoo.fr" <agnesmurebwayire@yahoo.fr>
lepoint.frDes psychiatres ont tenté d'éclairer vendredi la personnalité du premier Rwandais jugé en France pour sa participation au génocide tutsi de 1994."Toute sa vie, sa culture politique le poussaient à une banalisation de la violence et de la haine des Tutsi. Il a grandi dans ça, c'est tout à fait normal", décrypte Bertrand Phesans à la barre vendredi. Et d'évoquer Hannah Harendt et la "banalité du mal" que la philosophe avait vue, de manière très controversée, au procès d'Adolf Eichmann. "On peut rencontrer le mal dans quelqu'un de très banal.L'expert avait pourtant été missionné pour une contre-expertise à la demande de la défense, qui jugeait partial un premier rapport. Son auteur, Françoise Sironi-Guilbaud, décrit, elle, devant la cour un capitaine Simbikangwa habité par "la passion politique, véhément et impulsif", qui fonctionne "dans un binarisme eux/nous et tout ou rien". Un homme au "fonctionnement psychique organisé autour du déni depuis le plus jeune âge".C'est ce concept de "déni" qui hérisse la défense, dont le client nie avec vigueur tous les faits qui lui sont reprochés et la moindre participation ou aide aux massacres.Alors l'experte précise : déni non pas des faits reprochés, mais plutôt d'un double deuil. Un "deuil traumatique" initial, quand la petite soeur de l'accusé est morte de la malaria dans ses bras alors qu'elle avait six ans et lui neuf. Et le deuil de sa vie militaire lorsque, jeune et brillant officier de la garde présidentielle, il est fauché à 28 ans par un accident de la route qui le laissera paraplégique, cloué dans un fauteuil roulant.Mais la défense n'est toujours pas convaincue, et Me Fabrice Epstein reproche à l'experte de citer dans son rapport "Eichmann, Barbie, Saddam Hussein. Comment pouvez-vous faire de tels amalgames ? C'est un peu difficile de croire à votre objectivité."Les deux experts se rejoignent en tout cas sur un point. L'amour de l'accusé pour Juvénal Habyarimana, le président hutu dont l'assassinat le 6 avril 1994 fut l'événement déclencheur des massacres. Un président érigé au rang de père de substitution et dont "il a vécu la mort comme un choc, comme une sidération", selon Françoise Sironi-Guilbaud."Il a suivi la position du président, vécu comme un homme idéal, un idéal d'autorité. Il est dans un mouvement de faire ce qu'on lui demande", complète Bertrand Phaisans. Car pour l'expert, la "dévalorisation de l'image de soi" que constitue son handicap représente pour l'accusé "un puissant motif d'essayer de s'attacher à la mouvance de la présidence. Sans la présidence, M. Simbikangwa n'est rien."Habyarimana, un père idéal ?, demande le président Olivier Leurent à l'accusé. "C'était mon parent, c'était mon père de famille. À sa mort j'ai eu peur de la suite."http://www.lepoint.fr/monde/rwanda-simbikangwa-ou-la-banalite-du-mal-14-02-2014-1791800_24.php
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