Mauvaise réponse aux vrais problèmes...
Le dossier des FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda) et les réfugiés rwandais installés en RDC depuis 1994 fait couler, ces dernières semaines, beaucoup d'encre et de salive.
Considérées par le Rwanda comme un groupe susceptible de déstabiliser sa sécurité intérieure, les FDLR ne sont composées, selon Kigali, que de soldats de l'ancien régime politique, accusé d'avoir perpétré le génocide. Cependant, à moins que l'on ne veuille tomber dans la généralisation, nul besoin de rappeler qu'il y a maintenant environ 21 ans après le génocide et d'autres massacres. Les enfants qui sont nés au cours de cette période sont devenus des adultes, certains ayant eu à leur tour des enfants.
Nul besoin de rappeler, en outre, que la Cour Internationale mise en place par l'ONU a également traqué et jugé un certain nombre de personnalités qui étaient au pouvoir à l'époque, notamment les militaires arrêtés en RDC.
Certes, tous les présumés coupables n'ont pas été arrêtés mais on ne peut pas non plus se permettre de condamner à mort tous les réfugiés rwandais vivants au Congo. Aussi serait-il extrêmement moins prudent de rapatrier par force ces réfugiés tant que le problème rwandais n'est pas abordé dans son aspect politique, global et inclusif. C'est, de toute façon, la seule possibilité pour encourager le rapatriement d'autres réfugiés rwandais (anciens et nouveaux) éparpillés sur tous les continents.
Comme le résume Marie Bourreau, journaliste à la RFI (radio France internationale), "La tâche ne sera pas facile. Les combattants des FDLR vivant au milieu de leur famille, ils sont difficiles à distinguer de la population civile".
Selon les observateurs, l'ONU risque à nouveau, sous l'influence de quelques pays, de se mettre en porte-à-faux en soutenant une attaque controversée et qui pourra emporter des vies humaines sans distinction.
Pour certains Rwandais, il s'agit de la raison du plus fort (qui est toujours la meilleure)! Ces rwandais et certains observateurs déplorent l'attitude de l'ONU qui s'est montrée incapable de réagir aux massacres, selon le rapport Mapping (http://www.rfi.fr/afrique/20100826-rapport-onu-fait-inventaire-10-ans-crime-rdc/), qui auraient été commis par les militaires rwandais contre les réfugiés rwandais installés en RDC après 1994. Ils estiment en fin de compte que l'attaque contre ces réfugiés est une décision injuste et disproportionnée qui aura d'énormes conséquences, surtout dans la fracture du peuple rwandais, déjà fragilisé par son passé.
Sans se voiler la face, toujours est-il que le Rwanda navigue dans le non-dit sur son passé tragique. Il est aussi enveloppé dans une mousseline d'autres problèmes sociopolitiques non moins sérieux (intolérances politiques, injustice, etc.), qui ne cessent de pousser les Rwandais vers l'exil.
Le bombardement contre les FDLR et les réfugiés rwandais installés au Congo contribuera-t-il à l'apaisement des tensions et à la réconciliation des Rwandais? On n'en est pas trop sûr! Ce dont on est certain, ces bombardements feront de nouvelles victimes. Les Rwandais ainsi que la communauté internationale sont-ils prêts à remettre les compteurs à zéro pour compter les morts?
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