Kigali, le 31 juillet 2013.
Les audiences dans le procès de madame Victoire Ingabire Umuhoza, présidente des FDU-INKINGI, prisonnière politique, se sont poursuivies ce mercredi 31 juillet 2013 devant la cour suprême. De très nombreux militants du parti avaient fait le déplacement pour manifester leur soutien.
Comme le juge l'avait décidé, sur demande de l'accusée qui avait souhaité que les audiences se terminent avant les vacances judiciaires prévues dès le début du mois d'août 2013, la cour avait porté la fréquence des audiences hebdomadaires de 2 à 3. Vers 17h30, la cour a déclaré closes les audiences et fixé provisoirement la lecture du jugement au 1er novembre 2013 à 15h00. En cas de contre temps, les parties seront avisées au moins une semaine à l'avance.
Le procès devant la cour suprême avait débuté le 25 mars 2013 suite à un double appel de l'accusation et de la défense. Madame Victoire Ingabire se plaignait des lacunes du jugement devant la haute cour de Kigali. Elle avait pointé du doigt la partialité fragrante de la cour au point qu'elle n'avait même pas eu droit à la réplique et à la présentation des moyens de défense.
Elle stigmatisait aussi que la cour l'ait condamnée pour des crimes de minimisation du génocide ainsi que de conspiration contre le régime, alors que ces faits ne figuraient pas dans son acte d'accusation et qu'elle n'avait jamais été interrogée là-dessus, ni devant les enquêteurs, ni devant la cour.
Elle se plaignait aussi du non-respect par l'Etat rwandais des accords passés avec l'Etat hollandais au sujet des pièces remises à la justice rwandaise par la justice hollandaise dans le cadre d'une commission rogatoire.
De son côté, l'accusation avait interjeté appel, reprochant à la haute cour d'avoir été trop clémente, en dépit de preuves suffisantes de culpabilité qu'elle prétendait avoir déposées devant la cour.
Les audiences ont été émaillées de nombreuses contradictions dans les témoignages des coaccusés qui avaient chargé madame Ingabire de conspiration dans une entreprise terroriste de lancement d'une rébellion armée. Ils ont déclaré avec force que la prétendue force rebelle n'avait jamais existé. Ceci a été corroboré par un nouveau témoignage qui avait éclairé la cour sur les circonstances frauduleuses dans lesquelles les aveux des coaccusés avaient été obtenus par les services de renseignements pour pouvoir maintenir en prison madame Victoire Ingabire et l'empêcher de vaquer à ses activités politiques.
L'accusation a quant à elle continué à insister sur les déclarations faites par madame Victoire Ingabire au mémorial du génocide de Gisozi le 16 janvier 2010 lors de son passage pour rendre hommage aux victimes Tutsi du génocide. Répondant à une question des journalistes, elle avait regretté que les victimes Hutu tuées par certains éléments du FPR-INKOTANYI soient oubliées et que leurs familles ne soient pas autorisées à les ensevelir dans la dignité, dans le cadre d'une reconnaissance mutuelle de la douleur de chaque rwandais, ce qui aiderait à une véritable unité et réconciliation.
Même si le procès de madame Victoire Ingabire touche à sa fin, le régime autoritaire du président Kagame continue sa campagne de répression contre les opposants politiques en utilisant tout l'appareil étatique, y compris les services de sécurité, pour intimider, harceler et trainer injustement devant la justice toute personne qui n'épouse pas l'idéologie et les méthodes du FPR au pouvoir.
C'est dans ce cadre que monsieur Sylvain Sibomana, Secrétaire Général Interimaire des FDU-INKINGI et Dominique Shyirambere, arrêtés lors de l'ouverture de ce procès le 25 mars 2013, continuent d'être malmenés par le régime, qui les traine d'une juridiction à une autre. De même, le 11 juillet 2013, la justice a condamné 7 membres du parti à 2 ans de prison ferme, accusés de n'avoir pas dénoncé la présence du secrétaire général interimaire du parti, qui les avait rencontré pour discuter du programme du parti. La justice leur reproche de ne pas en avoir avisé les services de sécurité, alors qu'il ne faisait l'objet d'aucun avis de recherche.
A ceux-là s'ajoutent monsieur Déogratias Mushayidi, président du PDP-Imanzi, condamné à perpétuité ainsi que maître Bernard Ntaganda, président du parti PS-Imberakuri, condamné à 4 ans de prison ferme.
Le parti FDU-INKINGI ne se lassera jamais de demander au régime de se raviser et permettre aux citoyens rwandais d'adhérer aux formations politiques de leurs choix, tel que prévu par les lois. Les racines des problèmes auxquels fait face le Rwanda, les rwandais et les pays voisins, sont imputables au FPR-INKOTONYI qui ne comprend pas que tous les différends puissent être aplanis à travers un dialogue, des discussions pacifiques, dans le respect et la tolérance, au lieu de faire usage de la force, du terrorisme, etc. Ceci n'amène rien d'autre que des antagonismes.
FDU-Inkingi
Boniface Twagirimana
Vice président intérimaire