Pages

Monday 1 July 2013

Le régime de Kigali veut réécrire l’histoire du Rwanda en décidant de fêter l’indépendance le 4 juillet


SAMUEL HAKIZIMANA, PRESIDENT DE L'URRS : «Le régime de Kigali veut réécrire l'histoire du Rwanda en décidant de fêter l'indépendance le 4 juillet»

Cette année encore les Rwandais vont fêter leur accession à la souveraineté internationale dans la discorde. Si pour le régime de Kagamé, l'indépendance est de plus en plus assimilée à la date du 4 juillet 1994, date à laquelle les rebelles du Front patriotique rwandais ont pris le pouvoir, pour le commun des Rwandais, c'est la date du 1er juillet 1962 qui marque l'indépendance du pays. Le Président de l'Union des ressortissants rwandais au Sénégal (Urrs), Samuel Hakizimana, revient sur cette histoire de date qui risque de réveiller les démons dans cette partie de l'Afrique.
 
 

Wal Fadjri : Officiellement le Rwanda a accédé à la souveraineté internationale le 1er juillet 1962. Mais de plus en plus c'est la date du 4 juillet 1994, correspondant à la prise du pouvoir par le Front patriotique rwandais, qui est fêtée. Comment analysez-vous cette situation ?

 Samuel HAKIZIMANA : Au Rwanda, le mois de juillet est chargé d'histoire. C'est le 1er juillet 1962 que ce pays s'est libéré de la tutelle belge et a accédé à son indépendance. C'est aussi le 4 juillet 1994 que le Front patriotique rwandais (Fpr), mouvement rebelle dirigé par Paul Kagame, a pris le pouvoir à Kigali. Connaître l'histoire d'une nation permet de mieux comprendre son présent. Avant l'indépendance,  une monarchie tutsie -représentant 14% de la population- appuyée et soutenue d'abord par les colons allemands puis par la tutelle belge régnait sur le reste du peuple rwandais à majorité Hutu 85% et de Batwa 1%. 

En 1959, la révolution sociale a renversé la monarchie et abouti au référendum du 25 septembre 1961 qui instaura la république. Le 1er juillet 1962, le Rwanda accédait à l'indépendance. Pendant et après la révolution, les nostalgiques du pouvoir monarchique s'exilèrent dans les pays limitrophes. Ils déclenchèrent une guerre de reconquête contre le Rwanda qui aboutit à la prise du pouvoir à Kigali par le Fpr le 4 juillet 1994. Depuis, la date de l'indépendance fut jetée aux oubliettes. En lieu et place  est fêtée la date du 4 juillet.

N'est-ce pas là une drôle de façon d'interpréter les événements au Rwanda ?

Oui effectivement, les nouvelles autorités du Rwanda veulent  réécrire l'histoire du pays. Elles ont changé l'hymne et le drapeau national, les noms des rues et des places publiques. Elles font comme si, entre 1959 et 1994, rien ne s'était passé dans ce pays.
 
Qu'est-ce qui justifie, selon vous, cette volonté de réécrire l'histoire du pays ?

Les autorités actuelles ont conquis le pouvoir par les armes. Elles veulent imposer leur vision des choses, celle du vainqueur. Ceci est une source constante de division du peuple rwandais et une entrave notoire à la réconciliation nationale que Kigali prétend chercher. Alors que ces autorités s'évertuent à nier l'existence des ethnies au Rwanda, elles entretiennent sciemment et savamment le mythe de la suprématie tutsie qui ignore tout ce qui a été fait en dehors d'eux.

 En tant que ressortissant rwandais vivant au Sénégal, que comptez-vous faire pour contribuer à trouver des solutions à ce problème ?

L'Union des ressortissants rwandais au Sénégal a toujours demandé aux autorités et au peuple rwandais de s'asseoir autour d'une table pour chercher une solution idoine à ce problème. Plus d'une fois, nous avons écrit au président  Kagame pour lui demander de reconsidérer cette politique discriminatoire. Nous poursuivons dans cette voie. Nous restons convaincus que la réconciliation nationale ne peut se faire en ignorant les effets marquants de l'histoire d'un peuple.

Propos recueillis par Magib GAYE

No comments:

Post a Comment

-“The root cause of the Rwandan tragedy of 1994 is the long and past historical ethnic dominance of one minority ethnic group to the other majority ethnic group. Ignoring this reality is giving a black cheque for the Rwandan people’s future and deepening resentment, hostility and hatred between the two groups.”

-« Ce dont j’ai le plus peur, c’est des gens qui croient que, du jour au lendemain, on peut prendre une société, lui tordre le cou et en faire une autre ».

-“The hate of men will pass, and dictators die, and the power they took from the people will return to the people. And so long as men die, liberty will never perish.”

-“I have loved justice and hated iniquity: therefore I die in exile.

-“The price good men pay for indifference to public affairs is to be ruled by evil men.”

READ MORE RECENT NEWS AND OPINIONS

Popular Posts

WebMD Health Channel - Sex & Relationships

Love Lectures

How We Made It In Africa – Insight into business in Africa

David DeAngelo - Dating Questions For Men

Christian Carter - Dating Questions For Women

Women - The Huffington Post

Recent Articles About Effective Communication Skills and Self Development